World End Economica est un Visual Novel développé par Spicy Tails et écrit par Isuna Hasekura, auteur de Spice and Wolf. World End Economica a été publié au japon en 2011. J’ai acheté la version française à Japan Expo 2013 sur le stand de Kawa Soft. Il était alors en vente en version physique et en français sur leur site, mais n’est malheureusement plus disponible aujourd’hui.

Néanmois d’après Kawa Soft :
la ville
Nos deux protagonistes face à la mégalopole

Il est aussi disponible en anglais dématérialisé sur Steam. J’ai décidé d’écrire cet article car World End Economica a l’air de susciter un intérêt particulier auprès des amateurs de Spice and Wolf (pour ne pas dire fanatiques). Je ne l’ai pour ma part ni vu ni lu, et ne suis pas non plus trop intéressé par celui-ci, la communauté étant un peu trop zélée à mon goût. Mon avis sera donc dénué de toute comparaison avec cette œuvre. S’il vous plaît, ne vous en affolez pas.

Je vais ici vous parler uniquement du premier tome, sachant qu’il en existe pour l’instant trois. Le tome 1 est le seul paru en français à ce jour, le tome 2 est disponible en anglais sur Steam, et le trois n’a pas encore été traduit.

Mais entrons dans le vif du sujet, de quoi ça parle ?

Histoire

World End Economica prend place dans un futur proche où une partie de la population humaine a migré sur la Lune. La société lunaire représente un idéal capitaliste où les entreprises prospèrent et croissent à la vitesse de la lumière : la Lune est devenue la nouvelle place boursière.

Le protagoniste s'appelle Yoshiharu (mais se fait appeler Haru), c’est un jeune homme né dans un petit village agricole sur la Lune, il y a toujours vécu. Le jeu débute alors qu’il a fugué de chez lui pour aller vivre à la capitale. Il part à l’aventure pour réaliser son rêve : devenir une des personnes les plus riches au monde et vivre dans le quartier chic de la Lune, Schrödinger Street.

le chat de Schrödinger Street
Le chat de Schrödinger Street

Pour arriver à ses fins le plus rapidement possible, il décide de devenir trader. Le trading est une des principales ressources économique de la Lune et prospère grâce au développement rapide des entreprises. Il est possible pour n’importe qui de partir de rien et de devenir extrêmement riche. Le rêve lunaire quoi !

Au court de sa fugue Haru va rencontrer Lisa, une bonne sœur qui va l'accueillir dans son église, où il fera la rencontre de Hanagana une jeune fille de son âge extrêmement hautaine ! Au cours de son séjour il apprendra à les connaître. Il découvrira aussi la vie difficile que mènent les personnes du quartier défavorisé où il se trouve, mais malgré tout, sa priorité restera son rêve de richesse.
Voilà pour la base de l’histoire, le reste vient ensuite de l’évolution des personnages, ce que je ne souhaite pas vous spoiler bien entendu !

Dessins et musiques

dessin puissant
L'un des dessin les plus réussis du VN, très puissant emotionnellement

Bien que les dessins de World End Economica soient très beaux, ils manquent d’un vrai caractère. Ils sont soignés mais assez génériques. Techniquement c’est au top mais ça ne dégage pas grand chose. Il ne faut cependant pas négliger qu’un gros travail a été fourni pour le character design. Les dessins correspondent bien aux tempéraments des personnages et les scènes « émotion » font bien le job.
De manière générale, les illustrations s’accordent bien à l’ambiance futuriste lunaire.
Les arrières plans sont la partie la plus réussie au niveau graphique, ils arrivent avec quelques détails bien placés à créer une vraie atmosphère ; chaque environnement est bien défini et possède ses caractéristiques tout en restant toujours dans la même ambiance futuriste générale.

quartier richequartier pauvre
Opposition entre quartier riche et pauvre

L’OST est assez hétéroclite : on a de l’électronique avec des samples industriels pour retranscrire l’ambiance futuriste de la Lune, pas mal de jazz, une musique de hip hop, de l’orchestral, des thèmes de pianos émotions et quelques pistes de rock bien rythmées pour les scènes d’actions. Cependant, ce qui fait l’originalité de la musique de World End Economica, c’est que les styles sont bien souvent tous mélangés, ce qui donne quelque chose d’assez rafraîchissant. On a donc une bande son qu’on pourrait qualifier d’électro rock, avec notamment beaucoup de synthétiseur et de bruitages futuristes. Cette originalité ne lui permet cependant pas de réellement tirer son épingle du jeu. Les thèmes sont souvent courts, d’une conception assez basique, et répétés en boucle, mais suffisamment passe-partout pour ne pas qu’ils nous restent en tête. Cependant, certaines pistes sortent du lot, et c’est le cas de Break Street, qui est bien rythmée avec un thème au piano très sympa comme c’est le cas pour la majorité des musiques de jazz. Mais on retiendra surtout l’opening qui envoie du lourd.

Intérêt

World End Economica débute lentement, les personnages sont au début relativement insupportables et il ne se passe pas grand chose. Cependant cette introduction est nécessaire pour la suite : le visual novel doit poser les bases de son univers. Il y a beaucoup d’éléments à expliquer, surtout au niveau économique. Le VN passe par exemple énormément de temps à définir le fonctionnement du trading, mais il est nécessaire de l’avoir assimilé quand on entre dans le vif du sujet .

Le fait que l’histoire se déroule sur la Lune permet de simplifier l’économie et donc d’en définir les bases, afin que qu’elles soient plus accessibles. J’ai donc appris beaucoup de choses sur cette thématique, et surtout sur le trading grâce à ce VN.

Si l’économie est aussi développée c’est avant tout pour donner du sens aux scènes de trading. Assez nombreuses dans l’histoire, elles sont extrêmement intenses et l’auteur arrive à y créer une tension forte. C’est d’ailleurs une des principales forces de World End Economica, mais ce n’est bien entendu pas la seule.

En effet, ce qui m’a plu dans World End Economica est que l’économie - bien qu’au cœur de l’histoire - reste un support pour développer la relation entre les deux personnages principaux, Hanagana et Haru. Le personnage de Hanagana suit l’archétype de la tsundere (un cœur tendre derrière une armure de condescendance), mais c’est assez bien foutu pour être crédible et attachant. Comme dans Evangelion les personnages, au début de l’histoire, ont du mal à se rapprocher, faute de se comprendre, et se repoussent par peur de souffrir. Cependant petit à petit ils finissent par apprendre à se connaître et l’incompréhension se change alors en empathie. Même si au début on peut trouver les personnages distants, on finit par s’y attacher à mesure qu’eux-mêmes se connaissent mieux ; gardez en tête qu’il ne faut pas s’arrêter à votre premier aperçu.

Kirino ?
De l'esclavagisme digne de Kirino

Au final, bien que lent à démarrer, World End Economica est un visual novel plaisant à jouer avec des personnages bien conçus et attachants. Une fois le cadre posé, l’histoire est prenante et vous tiendra en haleine jusqu’à la fin. Le VN possède aussi une énorme facette économique qui tient bien la route et fait honneur à son titre !