Cet achat était motivé par plusieurs raisons, mais l'essentiel se résume à :
- combattre mon réflexe de scroller les réseaux sociaux
- lire davantage de mangas
- me replonger dans la lecture
🌠 "Combattre mon réflexe de scroller les réseaux sociaux" c'est purement pour me désintoxiquer un peu mdr. J'ai beau avoir déménagé de Twitter (on en reparlera dans un autre post sur BSOL), je n'en reste pas moins un très gros utilisateur des réseaux sociaux. Et à force d'obstination je me suis façonné une utilisation de Mastodon très chronophage au quotidien. Il y a grosso merdo un an je n'imaginais pas que mon expérience du Fediverse puisse être ce qu'elle est actuellement, mais rien ne m'arrête et j'en suis plutôt satisfait... et c'est aussi un problème, du coup :9 J'y reviendrai dans un autre article anyways.
Sur la liseuse, je ne peux que lire. Techniquement je peux aller sur internet avec du Wi-Fi, mais du coup pas vraiment dans les transports en commun forcément. Et surtout, la profonde lenteur de la navigation est extrêmement dissuasive. Étant un dispositif exclusivement réservé à la lecture, je peux facilement perdre le réflexe de scroller les réseaux sociaux sur mon téléphone en gagnant le réflexe de sortir -à la place- la liseuse pendant mes moments d'errance (effet kiss cool : ça me permet aussi de phase out le jeu Umamusume de mes habitudes 😌).
Spoiler : ça marche *un peu trop bien*.🌠 "Lire davantage de mangas" vient avec une contrainte : je n'aime pas lire des mangas sur l'écran de mon téléphone ou de mon ordinateur, ce qui me limitait aux mangas papier. Le physique ça reste mon format favori pour lire de manière générale, mais l'achat de mangas papier vient avec la problématique du stockage. Je n'ai pas la place pour entreposer des collections de plus en plus grandes. Et j'aurai sans doute un peu peur de lire dans les transports en commun et de les abimer.
Avec sa très bonne imitation visuelle de l'expérience de lecture d'un livre papier, la liseuse est une option qui devient intéressante. J'ai un bien meilleur confort de lecture avec que sur un écran de téléphone, ça ne prend pas de place, et ça se transporte facilement dans les transports. Je lis donc davantage de mangas, mais en dématérialisé. Franchement c'est giga chouette.
🌠 "Me replonger dans la lecture", implique un certain contexte. À la base ça devait être le sujet d'un article à part entière sur BSOL mais je pense qu'il ne verra jamais le jour (il n'est même pas entamé). Je vais donc essayer de résumer ça de manière concise (* rires enregistrés *).
Jusqu'à plus ou moins mes 20 ans, j'ai toujours détesté "lire" quoi que ce soit qui ne soit pas lourdement illustré (= BD, manga, etc.). J'avais toutes les peines à me plonger dans un livre, construire mentalement son univers et surtout suivre son récit. Je lisais des mots, pas des phrases. Tout ce qui rentrait par un œil sortait par l'autre, et je n'arrivais pas à donner de sens à ce que je lisais. C'était une corvée fatigante que je faisais par obligation, faute de réussir à en tirer quoi que ce soit. Il y a bien eu quelques livres qui m'ont un peu plu dans ma jeunesse (Pars Vite et Reviens Tard, de Fred Vargas, lu à la fin du collège par exemple), mais ça reste des exceptions très surprenantes à l'époque, et qui ont mis longtemps à arriver. C'était pas faute d'avoir essayé des titres populaires, ou qui plaisent à des jeunes de mon âge, ou des ouvrages qui se rapprochent de mes univers fictifs favoris (pour m'y faire plonger plus facilement) comme l'heroic fantasy. Mais rien n'y faisait.
Jusqu'à ce qu'on me recommande Hunger Games, de Susan Collins. J'avais raconté ma découverte de cette trilogie avec quelques tweets, car je dois avouer avoir été ma foi fort surpris à quel point j'étais hooked dans cette intense lecture. C'est aidé par l'incessante succession de cliffhangers après presque chaque chapitre, mais je n'avais pas besoin de ça pour rentrer dans le récit, de base. It just so happens que ça me plaisait. J'ai englouti les 3 tomes à une vitesse difficile à croire à l'époque, car back then je ne pouvais même pas ne serait-ce que m'imaginer lire de ma propre volonté (for the record : la découverte de Hunger Games s'inscrivait dans un effort pour justement trouver ce désir de lire).
Cela dit, si je dois à Hunger Games un clair espoir vis à vis de mon rapport à la littérature, ce qui a vraiment marqué cette réconciliation avec la lecture, c'est d'avoir plongé tête la première dans 1Q84, de Haruki Murakami. Ça a été une expérience de lecture incroyable, et toujours inégalée aujourd'hui encore. Sauf que plus de 10 ans (HUH ????) après, j'ai presque oublié l'entièreté du récit (modulo 2-3 moments très impactants), et j'ai terriblement envie de le relire. Je l'ai donc acheté pour m'y replonger sur ma liseuse, et le redécouvrir.Et c'est là où je veux en venir.
Ça a beau faire 10 ans, je n'ai jamais relu un livre comme 1Q84. Alors, il faut rendre à César ce qui est à César : Kafka Sur le Rivage, du même auteur, était fantastiquement excellent aussi, pour le même type de raisons. Mais il y a une différence entre ce qu'on peut accomplir et raconter en 1 tome contre 3, et je pense que mon expérience de lecture de 1Q84 a vraiment été plus mémorable.
Mais. Je pense que suffisamment de temps a passé, et que je peux le relire. Là, aujourd'hui, je pense que je peux avoir un regard nouveau sur le récit. Je pense que j'ai suffisamment oublié 1Q84 pour le relire et ravoir une bonne expérience de lecture. Ce ne sera pas aussi intense et unique que la réelle première lecture (je vous raconterai plus bas mais cette trilogie m'a vraiment sidéré à l'époque), ce ne sera sans doute pas aussi bon (?), ça ne me surprendra pas autant. Mais. Il se trouve que j'aime 1Q84 d'amour, je l'ai oublié, et je veux le redécouvrir. I forgor, et l'idée que ça m'ouvre le luxe de le découvrir de nouveau est fort réjouissante.
Ce qui est bien, c'est que 1Q84 est loin d'être la seule œuvre devenue si floue dans ma mémoire que je pense pouvoir m'y replonger de manière plus ou moins fraiche. Et c'est sur ce genre de choses que j'ai envie de revenir dans ce post (salut c'est moi, Jean-Michel Grosse-Introduction). Pas forcément des livres d'ailleurs ; pas mal d'animes et quelques jeux vidéo aussi, que j'ai déjà oublié.... ou presque, et qui seront "à point" dans 2 ou 3 ans p't'être 👀 Évidemment il y'a aussi les œuvres ou médias qui m'ont marqué si profondément, ou que j'ai tant re-consommé, au point que j'aimerai du fond du cœur pouvoir les oublier pour les redécouvrir une première fois de nouveau.... sachant pertinemment que c'est impossible. Ça, et puis à l'opposé il y'a ces titres qui m'ont beaucoup plu, que je n'ai consommé qu'une seule fois, perdu de vue pendant un temps... et actually redécouvert avec un esprit frais. Il n'y en a pas eu beaucoup, mais c'est plus que 0. C'est important d'avoir eu au moins un précédent, car ça me confirme que je suis capable d'avoir un œil au moins faussement frais sur un titre qui m'a déjà marqué la toute première fois, et de l'apprécier pour la première fois une seconde fois. 😌
J'ai maté l'anime The Ancient Magus Bride (Mahoutsukai no Yome) pour la première fois il y a 7-8 ans, et ça m'avait très vite beaucoup plu. Je ne me souviens plus du tout de qui me venait cette recommandation, mais cette personne a eu le bon goût de m'informer qu'il y a un OAV à mater avant l'anime. Ce prologue m'avait déjà fort emballé dans le concept comme dans son exécution, donc je n'ai pas eu besoin de me faire prier pour me lancer dans le reste de l'anime. Et là aussi, j'ai très vite adoré. Ce récit de reconstruction de soi, parsemé de magie et de mystères s'est avéré bien plus prenant que je ne le pensais. Le besoin urgent pour le personnage de Chise de retrouver une volonté propre malgré ses traumas liés -justement- à ces êtres magiques est un enjeu qui a été assez vite très intéressant ; s'ils sont "la cause" (← je simplifie, en réalité c'est plus subtil que ça) de son profond et viscéral mal être, ce sont aussi des catalyseurs essentiels à sa guérison. L'univers apparaît riche, la DA est vraiment plaisante (surtout quand il s'agit de représenter la magie) et du haut de ses 24 épisodes on prend le temps qu'il faut pour creuser les protagonistes et une partie de leur entourage.
Mais tout ça, jusqu'à l'annonce de la S2, j'avais pratiquement oublié. Je savais que j'avais beaucoup aimé Magus Bride, je savais que je trouvais ça beau et doux, je savais que l'écriture me plaisait, mais je ne pouvais en donner presque aucun exemple tant ma mémoire a été balayée par le temps.
Du coup je suis assez content, ce re-visionnage m'a paru nouveau. J'ai réellement eu l'impression de redécouvrir Magus Bride. Genre, à au moins 70%. Et ça m'a très certainement permis d'apprécier la saison 2 vastement plus que si je n'avais pas pris temps de revenir dessus.
Très similairement, j'ai absolument ADORÉ le manga Eclat(s) d'Âmes, de Kamatani Yûki. Très intelligent, bien écrit et visuellement superbe, ce manga en 4 tomes raconte comment le lycéen Tasuku Kanade se retrouve outé malgré lui et confronté au regard des autres au sujet de son homosexualité. Il va s'en saisir à bras le corps, auprès du Congrès des Chats, un salon de discussion où se retrouvent régulièrement plusieurs autres personnes LGBTQ+, qui ont tout à fait des choses à raconter (ou pas) sur leur rapport à eux-mêmes et aux autres. Le Congrès des Chats sera un catalyseur essentiel pour Tasuku, et en particulier Haruko Daichi (the best) : c'est la première autre personne homosexuelle que Tasuku rencontre, autre que lui-même. C'était vraiment une de mes lectures préférées, mais à côté de laquelle je serai très certainement passé sans une recommandation. Heureusement, je suis entouré d'ami·e·s extrêmement cools qui me partagent ce genre de perles 😌
Tout ça pour que j'oublie quelques années plus tard. Je ne dis pas que tout s'est effacé, et que je ne me souviens de rien (Magus Bride pour le coup j'avais perdu vachement plus). Mais honnêtement, avec du recul je suis un peu flabbergasté de constater à quel point le récit était devenu flou dans ma tête en seulement 5 ans. Évidemment, ça représente un certain temps, surtout sans relecture, étant donné que c'était un prêt... mais là on parle d'un de mes mangas préférés. C'est comme si vous me disiez que dans quelques années je vais oublier Star Wars épisode 8, alors que c'est mon épisode préféré (je ne l'ai effectivement vu qu'une seule fois). Ça paraît impensable (et c'est appuyé par le fait qu’aujourd’hui encore je m'en souviens encore pas mal).
La bonne nouvelle c'est que ça ouvre la porte à une redécouverte du récit. Et ça s'inscrit d'ailleurs dans la découverte de ma liseuse. En effet, si j'avais pris une liseuse dans les buts que j'ai mentionné plus haut, je n'avais aucune certitude que ça me conviendrait réellement, faute d'avoir déjà lu quoi que ce soit sur une liseuse auparavant. A shot in the dark, donc. Pour me "faciliter" les choses, je me suis dit que ce serai bon de commencer par relire des choses qui m'ont déjà plu, afin de me retrouver en terrain connu et pouvoir vraiment savoir si j'aime actually le support (= la liseuse) ou pas. Pour les romans, le choix était évident : j'ai acheté une liseuse entres -autres choses- car je voulais me replonger dans 1Q84 en particulier (spoiler : je ne l’ai toujours pas lu (et ça risque de trainer un peu)). Pour les mangas, un peu moins. Il était question de prendre un truc qui m'avait plus d'une part, et court d'autre part, ce qui réduisait pas mal mes options.
Eh bien franchement, je ne saurai pas dire si j'ai davantage apprécié le lire ou le relire. L'impression paraissait résolument fraiche, au point d'en avoir -là encore- oublié l'essentiel des story beats majeurs (and *boy are there major story beats*). Et là encore, cette fausse amnésie m'a paru presque choquante, mais était tout aussi appréciable car ça me donnait le luxe de redécouvrir ce récit et cette écriture qui m'ont tant plu. Évidemment, la vraie première fois c'est le moment où tout est une surprise, le sujet de l'histoire, les personnages et leurs interactions. La découverte de quelque chose c'est vraiment une épice extrêmement spéciale, et agrémente la lecture d'une manière qu'on ne peut jamais reproduire à l'identique. Mais en même temps, revenir dessus après toutes ces années et étant d'autant plus éduqué sur le sujet, je pense que ça m'a vraiment permis d'apprécier avec plus de, euh, "précision" (?) les nuances des différents arcs. Then again, j'ai pas speedrun le manga à ma première lecture. Mais j'ai bien eu l'impression d'avoir eu une "appréciation ++" lors de cette relecture.
Quant à la question du support "liseuse" pour lire des mangas :
j'aurai eu l'usage du modèle au-dessus pour avoir une plus grande résolution, car les mangas de l'auteur·e ont pas mal de petites bulles de texte de très petite taille en arrière-plan, et qui requièrent un zoom pour être lues car la résolution n'est pas assez grande pour afficher assez précisément les lettres. Pour plusieurs autres mangas c'était pas du tout un problème.
les doubles pages sont évidemment mises à mal, vu que la liseuse n'en affiche qu'une seule à la fois. Ironiquement, là encore Kamatani Yûki est un·e auteur·e qui en fait vachement plus (?) que ce à quoi je suis habitué, donc c'est un peu dommage I guess. Ça ne m'empêche pas d'apprécier le fait que, ptain, ses dessins sont beaux quand même.
- en réalité ça me convient très bien cela dit malgré tout 👌🏾 Il y a même un effet secondaire très sympa au fait de n'afficher qu'une seule page à la fois : je ne peux pas voir la page d'à côté. Tout bêtement, quand je tourne une page et me retrouve face à 2 nouvelles pages, j'ai souvent des difficultés à me retenir de regarder (voire lire) la page de gauche avant de lire celle de droite. Je ne sais pas si c'est un réflexe lié au fait qu'en France on lit la page de gauche en premier, ou juste le fruit d'une curiosité/hype bizarre, ou whatever else. Mais yes, for some reason mes yeux se fixent parfois sur la page de gauche avant celle de droite, ce qui me gâche parfois légèrement l'appréciation des évènements racontés (pire ; dans les romans j'ai ce réflexe bizarre d'ouvrir le livre à la toute dernière page avant de commencer ma lecture, ce qui me vaut parfois un spoil très sévère (don't ask)). La liseuse n'affiche qu'une page, donc j'ai plus ce souci-là. Mieux, sans avoir la page suivante dans le coin de l'œil, j'ai moins l'excitation qui me fait habituellement tourner les pages sans doute plus vite que je ne devrais. Autrement dit, je lis plus doucement sur la liseuse, je passe plus de temps dans chaque case et dans chaque bulle, je rush moins, je passe plus de temps sur les décors.
Bref, good stuff la liseuse, vraiment un de mes meilleurs achats récents. Fin de la parenthèse, on revient sur ma pseudo amnésie des titres de fiction 👀
Éclat(s) d'Âmes et The Ancient Magus Bride sont presque les 2 seuls titres que je me souviens d'avoir oublié puis redécouvert. Il y a aussi eu le manga Dédale (my beloved), de TAKAMICHI, qui a été exactement comme Éclat(s) d'Âmes : j'ai adoré, ça s'est pas mal effacé depuis (un peu moins cela dit, j'avais plusieurs souvenirs d'éléments importants (I mean, comment oublier les table-basse)), j'ai relu, c'était vachement bien, assez frais et quelque part j'ai eu cette impression que l'expérience de lecture a été "enrichie" (???) par ma mémoire lacunaire (on commence à voir un pattern qui se répète).
Il est possible qu'il y ait d'autres titres qui échappent à mon radar, mais je pense que de manière générale je me replonge trop souvent dans les choses qui me plaisent pour réellement avoir l'opportunité, que dis-je, LE LUXE de pouvoir les oublier. Ce qui fait que -à l'inverse- il y a une montagne de choses que je ne pourrais JAMAIS revivre comme quoi que ce soit qui ressemble à une pseudo découverte, à moins de devenir réellement amnésique. Et qu'on soit clair : ça n'en vaut pas la peine. Je suis pas du tout en train de dire que je veux perdre la mémoire juste pour pouvoir redécouvrir mes œuvres préférées. Je contemple juste le fait qu'il y a des choses qui -dans ma profonde appréciation- sont tout simplement enracinés dans ma mémoire, et sont voués à m'accompagner jusqu'à la nuit des temps.
Ainsi, je pense pouvoir affirmer avec une absolue certitude qu'il m'est impossible d'oublier la saison 2 de Umamusume Pretty Derby (chui désolé mais Umamusume va sans doute devenir le nouveau Puzzle & Dragons, et ça va devenir impossible pour moi d'écrire un post sans le mentionner somehow mdr, it do be like this), car je l'ai matée en entier plusieurs fois (à la suite), vaguement analysée™ et n'arrête pas de me la remémorer au fur et à mesure que j'en parle autour de moi (= partout, tout le temps, à chaque occasion). Inutile d'espérer oublier Hibike! Euphonium non plus, a.k.a quite litteraly mon anime préféré, pour grosso merdo les même raisons que Umamusume. Je suis beaucoup trop heureux d'exister en même temps que Hibike! Euphonium pour accepter l'idée que je puisse l'oublier (cela dit, mon re-visionnage du film Chikai no Finale m'a paru relativement frais). Pareil pour mon film préféré, Premier Contact, que j'étais allé voir au cinéma littéralement 2 fucking jours consécutifs tant il m'a saisi. Et si mon dernier visionnage date déjà de plusieurs années, je garde des souvenirs vifs et clairs de la plupart des enjeux et développements. Interstellar ? Là c'est plus de la répétition pure et dure, vu que j'ai dû voir le film genre 5 ou 6 fois. Je ne m'en souviens jamais parfaitement, mais je n'ai jamais eu non plus le sentiment de l'oublier. C'est juste que c'est difficile (par design) de l'avoir clairement en tête (il requiert une certaine gymnastique mentale). L'Ère des Cristaux ? Franchement mon cerveau est devenu une gemme tant j'ai re-maté l'anime et relu le manga ; ce récit est si fascinant qu'il m'attire inexorablement, ce qui m'empêche de m'en éloigner bien longtemps. Là encore ce n'est pas aidé par le fait que j'y repense souvent pour en parler autour de moi. Je n'ai pas maté A Place Further Than The Universe très souvent (2 fois, peut-être 3 je pense ?), mais il a une place toute spéciale dans mon esprit, et for some reason rien ne peut me faire oublier cette formidable aventure. Anything Star Wars related est impossible par défaut because I fucking love Star Wars. On aurait pu penser que mon film Star Wars préféré -l'épisode 8, que tout le monde déteste là- commencerai à devenir flou après [* checks notes *] 7 ans (holy-), vu que je ne l'ai vu qu'une seule fois, mais for some reason it just sticks with me. J'en parle beaucoup moins, mais La Petite Faiseuse de Livres (Ascendance of A Bookworm) c'est clairement mon isekai préféré, et compte tenu du fait que je mate assidument l'anime, que je lis assidument le manga et que je lis en ce moment le (très long) Light Novel, j'emporterai certainement dans ma tombeJe pourrais continuer encore en vrai, la liste est longue. Ma culture et mon imaginaire débordent d'éléments pour lesquels je n'ai tout simplement plus le privilège de pouvoir revivre l'allégresse d'une redécouverte. C'est pas une mauvaise chose cela dit. Si j'étais pas en paix avec ça, j'aurai fait plus attention. Et de toutes façons, entre les choses qui me collent à la peau que je garderai en tête à vie, et les titres mentionnés plus haut et que j'ai effectivement redécouvert après les avoir oublié, il y a aussi tout un spectre de choses que j'ai déjà oublié, ou presque, et dans lesquels je vais pouvoir me replonger soon™. J'ai clairement de quoi me réjouir, tant les lacunes de mes souvenirs m'ouvrent de portes.
Par exemple. Subete Ga F ni Naru : The Perfect Insider. Vous voulez savoir ce que j'en garde comme souvenir ?
- L'excellent opening, Talking (de Kana-Boon)
- Le nom des persos principaux ; Saikawa Sôhei, Magata Shiki et Nishinosono Moe
(j'arrive pas à croire que j'ai écrit son nom de famille entièrement de mémoire, IT'S BEEN 9 YEARS mdr) - Les couleurs ternes, et le contraste entre les tronches parfois un peu difformes de certains hommes et le beau visage de Nishinosono Moe.
- Le fait que les conversations philosophiques vont loin dans leur réflexion, sans me souvenir desdites conversations.
- Le fait que l'enquête a des développements un peu alambiqués, sans me souvenir desdits développements.
- Cette capture d'écran qui ne fait rire que moi
Et surtout : le fantastique ending, Nana Hitsuji (de ScenarioArt) est encore et toujours aujourd'hui ma chanson préférée (c'est exacerbé par le fait que l'anime a commencé le jour de mon anniversaire, du coup est-ce qu'on peut dire que la chanson a été littéralement release pour moi ? sans doute pas) et les visuels sont superbes. C'est vraiment un générique que j'aime d'amour, et le mot est terriblement faible.
Et ça, ptain, *c'est réjouissant*. Genre. J'ai adoré l'anime y'a presque dix ans. Et là je suis en position de le re-mater presque pour la première fois une deuxième fois. Franchement c'est une idée qui me plait beaucoup. Je vous souhaite d'avoir aussi ce genre de réalisation un jour pour les choses qui vous plaisent. Je pense me replonger dedans exactement 9 ans après le début de la première diffusion, et ce qui est sur c'est que ce sera au moins aussi frais que The Ancient Magus Bride. Et : j'ai hâte.
Très similairement, je me souviens très peu de Demi-Chan Wa Kataritai (Interviews with Demi // Freaky Girls) dont l'atmosphère bienveillante et sincère de cette comédie de tranche-de-vie accompagnait judicieusement le propos sur le fait d'être "différent". Comment exactement ? Aucune idée. J'ai oublié. Mais, je sais que c'est une grande qualité de l'anime qui m'a fait fortement l'apprécier. Je me souviens aussi que j'ai adoré l'opening pour ses changements au gré de l'évolution du récit, ainsi que ses quelques clins d'oeils : j'avais par exemple explosax en percutant qu'un des plans de l'OP était une référence à THE NIGHTMARE de John Henry Fuseli (it just so happens que à l'époque je découvrais le principe de la paralysie du sommeil donc le timing était cocasse). Si bien que, aujourd'hui encore, c'est très clair dans ma tête (je vous raconte cette anecdote de mémoire), tout comme une poignée de gags de l'anime. Mais finalement, bah, c'est à peu près tout ! Là aussi, Demi-Chan est probablement assez frais pour que je puisse revenir dessus très prochainement, avec un regard neuf et en étant un peu plus éduqué sur des sujets sociaux analogues à ceux que le récit évoque. C'est un coup de cœur que j'ai hâte de revisiter, et l'idée que je puisse effectivement le faire je ne vais pas vous mentir, ça me sauce très très bien.
Enfin, je pense que Bloom Into You est "à point" aussi. Là aussi, je l'ai adoré mais il ne m'en reste que des bribes. Je dirais même que ça me surprend un peu, compte tenu du fait que j'étais d'emblée très intéressé par le thème de l'anime et son potentiel propos. Il faut dire qu'un récit qui se présente comme une romance et impliquant un personnage à première vue aromantique, ça titille ma curiosité. Mais au final, à peine 6 ans plus tard je n'ai pratiquement plus aucun souvenir du récit, excepté la direction générale qu'il prend, et aussi sa superbe direction artistique (mais ça c'est pas le récit, donc). Je ne peux même pas vous sortir une anecdote ou quoi que ce soit de la sorte, car vraiment tout ce qu'il me reste de l'anime.... ce sont justement des restes. Quelque part, c'est un peu vexant/alarmant pour moi-même, car des fois je me dis ptain quand même c'est quel genre de mémoire que j'ai pour n'avoir aucun souvenir des développements d'un anime qui m'a attiré *spécifiquement pour son concept et le potentiel récit* qu'il allait raconter. Mais en même temps, bon, vous me voyez venir : j'ai maintenant l'opportunité de redécouvrir l'anime presque comme si je ne l'avais jamais vu, et je considère ça comme un véritable luxe car je vais le mater en étant moi-même plus mature. C'est un autre coup de cœur que je vais pouvoir revisiter. Et je pense que pour le coup je vais me tourner vers le manga, vu que somehow il a atterri à la maison pendant que j'avais le dos tourné 👀
Du coup ça en fait déjà quelques-uns que je peux déjà revisiter. Mais malgré ce que j'ai peut-être l'air de sous-entendre, la plupart des "candidats pour une redécouverte™" sont en fait des titres qui sont dans une sorte de limbo ambigu : des choses qui sont à la fois très flous dans ma mémoire globalement... mais pour lesquels j'ai des vifs souvenirs très marqués de moments bien spécifiques. Assez souvent, lesdits moments sont une grande partie de mon attachement pour l'œuvre, donc je ne sais pas si je les considère vraiment comme "oublié", et prêt à être revisités. Je le visualise un peu ainsi : je ne sais pas si je suis capable d'apprécier pleinement une deuxième fois un récit dont j'ai un souvenir vif et clair des parties que j'affectionne particulièrement ? En réalité, probablement. Mais ce ne sera pas pareil que -par exemple- Magus Bride, où j'ai eu de nouveau la "surprise" de plots points majeurs et autres grands moments.
Typiquement, je me souviens très peu du très bon Rakudai Kishi no Cavalry, que je n'aurai jamais maté sans une recommandation. Mais, je ne dirai pas que je l'ai "oublié" cela dit, car je me souviens en réalité de quelques scènes assez clairement. Je me souviens avoir été positivement surpris par la direction artistique et par la qualité de certains moments d'animation. Je me souviens aussi d'avoir été surpris par les nuances de l'écriture, car l'anime commence très clairement comme un gloubi boulga de clichés vus et revus dans ce type de setting. Clichés qui sont -pour certains- purposefully écrabouillés au gré de la narration et de l'évolution des persos. Et typiquement, un de mes favs moments de l'anime c'était ceci : [⚠ léger spoil]
Je peux vous raconter presque la même chose (et je vais le faire 😌) à propos du jeu Zweii : The Ilvard Insurrection. Un énième gigantesque coup de cœur, que j'aime -entre autres choses- car c'est un JRPG résolument chaleureux, bienveillant et surtout bien fun. Il a un sens de l'humour et du gag que je trouve vraiment bien amené (qui requiert une certaine suspension d'incrédulité pour certains des moments les plus WTF), et c'est bien aidé par ce voice acting si vibrant (Rue franchement 👌🏾). Ce qui ne l'empêche pas d'être challenging. C'est un JRPG qui ne paie pas de mine à première vue, mais dans lequel on est constamment rappelé que chez Nihon Falcom *ils savent faire des bons JRPG*. Zweii my beloved. Je pense que dans ma liste des jeux vidéo que j'aimerai refaire pour la première fois, Zweii est très haut placé car c'est un immense amas de "toutes petites surprises" et "chouettes attentions", qui forment un tout si charmant et plaisant.
But alas (?), après n'y avoir joué qu'une seule fois, j'ai beaucoup trop de souvenirs très nets du jeu, même 6 ans après. For the most part j'ai oublié le gros du plot et beaucoup de développements, mais pas le dénouement. Par contre, ce dont je me souviens le mieux c'est l'écriture de certains personnages (gentils comme méchants), et en particulier la protagoniste Alwen.
Alwen m'avait prise de court de nombreuses fois, car en tant que vampire-surpuissante-de-plusieurs-centaines-d'années-ressemblant-à-une-ado-en-tenue-de-maid-et-qui-est-restée-recluse-dans-son-chateau-et-à-qui-on-a-volé-les-pouvoirs, Alwen peut se vanter d'être une concentration de clichés faramineuse. Mais au gré de l'aventure, Alwen déconstruit un par un pas mal de tropes qui collent généralement à la peau de ce type de persos. Et ça, je m'en souviens. J'ai des souvenirs clairs de nombreuses scènes où Alwen me surprend par son écriture. Elle n'est pas la seule d'ailleurs. Encore une fois, je trouve que Zweii brille assez par le développement de ses persos (gentils comme (certains) méchants), et c'est pour Alwen que c'est le plus étonnant. Et vu comme je me souviens si vivement d'à qu'elle point elle m'a surprise (à défaut de me souvenir précisément du personnage et de ses nuances), je n'aurai jamais le privilège d'être de nouveau pris de court à répétition au gré de son évolution.
Typiquement, ma scène préférée du jeu (ci-dessous) c'est une scène où -là encore- Alwen fait le plus casuellement du monde preuve de nuance à un moment où je ne l'attendais pas du tout. C'est un moment assez court après un story beat *majeur*. Notre duo de protagonistes -Ragna et Alwen- sortent d'une réunion où on débriefait le plot twist qui vient de se produire, et pour Ragna c'était un coup de massue. À ce moment-là du jeu, Ragna et Alwen sont des partenaires d'aventures depuis des dizaines d'heure IRL, donc des semaines in game sans doute, et leur alchimie en tant que duo a brillé à maintes reprises. Mais Ragna est déboussolax par ce dernier évènement, et décide de tout laisser tomber, y compris Alwen. Cette dernière tente de l'en dissuader ; c'est un duo qui a accompli des grandes choses ensemble, il y a une véritable complicité dans ce pairing (et l'enjeu est énorme, et pas seulement pour eux), donc bien sur c'est pas très fun pour elle. Dans leur échange, Ragna lui lance une pique sous-entendant qu'elle insiste car elle l'aime (pour moi c'était une trahison, car je me réjouissais de l'absence de trace de romance entre eux deux, but that's just me). Le problème, c'est que "oui c'est vrai" aurait été une réponse out-of-character pour Alwen, "non c'est pas vrai" aurait été une réponse out-of-character pour Alwen, et je ne voyais pas comment "peut-être" aurait pu être in-character, car elle n'est pas du genre à feindre l'innoncence, mentir ou fuir la vérité. Sauf que c'était finalement la bonne réponse : Alwen n'a jamais su ce que c'est que d'aimer ou être aimée, et de fait elle ne sait pas si c'est réellement ça. Et cette réponse strictement cartésienne mais qui n'écarte pas la possibilité, c'est parfaitement in character, surtout compte tenu du fait que -si ma mémoire est bonne- [MINUSCULE SPOILER]Mais le fait que je vous raconte tout ceci de mémoire si facilement, implique évidemment que je n'aurai sans doute plus jamais le plaisir d'être scotché dans mon fauteuil par cette conversation. Quelque part c'est triste, mais c'est ce que ça implique d'emporter avec soit des souvenirs forts. Et c'est pas seulement cette scène. Une des nombreuses forces de Zweii réside dans son aptitude à surprendre, et pour le meilleur ou pour le pire, des tas de ces surprises m'ont marqué ! Je me souviens mal (mais un peu) du plot, mais alors par contre le moment où Ragna remercie sincèrement et solennellement un des antagonistes mais je vais JAMAIS l'oublier. C'était juste. BIEN.
Tout ça pour dire : la question de si oui ou non je suis capable d'un jour redécouvrir Zweii : The Ilvard Insurrection, très franchement, elle est entière. La proportion que j'ai oubliée est grande, mais est-ce que finalement mon image de nombreuses parties importantes n'est pas toujours/éternellement trop nette ? Honnêtement, aucune idée.
Je pense par contre pouvoir affirmer avec certitude que Grimgar Of Fantasy And Ashes (Hai to Gensô no Grimgar), aujourd'hui même je pourrais le re-mater et être de nouveau émerveillé par cette fantastique direction artistique.... au service de ce récit pourtant si cru. Car, oui, je me souviens *d'un évènement majeur en particulier*. Mais. C'est à peu près tout ce dont je me souviens. La superbe DA, et ce story beat. Ah, et je me souviens aussi que jusqu'au dernier (ou avant dernier ?) épisode, Ranta est un déchet. Donc finalement, je pense que l'anime est *à point* dans mon esprit, et que je peux revenir dessus dès aujourd'hui. Du coup j'ai acheté les DVDs en promo l'autre jour (= y'a presque un an mdr) et je pense m'y replonger un de ces quatres, car évidemment si je vous en parle ici c'est parce que j'ai adoré l'anime.
Enfin, dernier exemple que je voulais mentionner car il a quelque chose de particulier : Vivy Fluorite Eyes' Song. Celui-ci va devoir attendre un peu, quelques années à peine hein, mais je suis certain que ce sera possible de revenir dessus tout frais (ou presque) comme la première fois. Je le sais, parce que je l'ai maté tellement vite que je n’ai pas vraiment eu le temps de le digérer.... si bien que j'en ai oublié une grosse partie au bout de quelques semaines. Je ne vous cache pas être un peu déçu avec moi-même car je le considère aussi comme un de mes animes préférés. But alas. Ça a été une expérience de visionnage qui m'a en tout cas bien confirmé une énième fois de plus que mater un épisode par semaine me convient bien mieux que de marathoner un anime d'une traite. Ça ne m'empêche pas d'apprécier l'œuvre, mais avec si peu de temps pour absorber les évènements, ils ne restent pas aussi bien en tête. La bonne nouvelle c'est que ça fait déjà quelques années, et si j'ai encore des images bien claires (et en particulier certains beaux moments d'animation) et une vague idée des story beats, les développements en eux-mêmes sont vite devenus vagues (le temps fera le reste du travail). Je sais juste que ça m'a énormément plu. Donc là encore, l'opportunité de le re-mater prochainement est ouverte, et pour le coup la question de la création par intelligence artificielle est totalement d'actualité donc ce sera pertinent de m'y replonger 👀
Quand exactement ? Aucune idée. En vrai, tous ces titres là j'aurai beau dire "ouais c'est bon, là c'est le moment idéal" et tout, je me connais par coeur et un an après la publication de ce post.....et 1Q84 (hop, pirouette, je retombe sur mes pattes pour conclure).
Honnêtement, je n’avais jamais vécu quelque chose comme ça à l'époque. Depuis que je sais que ça existe, mon style littéraire fav c'est le registre fantastique, c'est à dire les histoires ancrées dans le réel mais qui en divergent par des éléments surnaturels, et -surtout- qui ne s'expliquent pas ou peu (c'est différent du registre merveilleux/fantasy). Et 1Q84 je l'ai aimé *exactement pour ça*. C'est une histoire qui se déroule sur la Terre qu'on connait, dans le monde réel, jusqu'à ce que ce soit plus le cas. Et si j'ai presque tout oublié du récit, je garde un souvenir de l'expérience absolument incroyable du récit. Et en particulier pour au moins 2 raisons bien spécifiques dont je me souviens vivement.
Déjà, je n'avais encore jamais lu d'histoire avec une narration multiple, où plusieurs personnages racontent parallèlement des choses différentes : je découvrais le concept même d'intrigues entremêlées, et rien que ça c'était terriblement rafraichissant et fascinant à suivre. N'ayant jamais été confronté à cette manière de raconter une histoire, je craignais d'avoir des difficultés à suivre (rappel : back then je lisais 1Q84 après avoir réussi à kiffé un livre pour la première fois (Hunger Games) juste avant) mais il n'en fut rien. Si on me disait d'ailleurs que cette alternance de points de vue, chapitre après chapitre, m'avait en réalité aidé à suivre et/ou apprécier l'histoire, avec le recul que j'ai aujourd'hui ça ne me surprendrait pas. Je commence à me connaître (????), et ce type de "friction" ça a tendance a me rendre plus impliqué/actif, et donc à m'aider à apprécier.
Étant en train de relire 1Q84 en ce moment, je ressens activement que cette rupture à la fin de chaque chapitre -pour entamer le suivant du point de vue de l'autre protagoniste- créée une légère *tension* très palpable, dont je suis particulièrement friand. Et je ne parle pas de la tension "dramatique" ou "scénaristique", qui sont la base même du cliffhanger, ni même de fin de chapitres à suspens. Je parle vraiment du fait de suivre le fil du récit... jusqu'à ce que tu ne le suives plus. Je vais faire une analogie foireuse, mais si vous avez des souvenirs de vos cours d'électricité au collège, ça devrait vous faire une image mentale que assez claire (j'espère).
C'est comme un circuit électrique alimenté, dont on ouvre d'un seul coup l'interrupteur.
Étant donné que tu es investi dans ce que le chapitre raconte, quand il se termine tu es naturellement intéressé pour poursuivre (sans nécessairement vouloir la suite *immédiatement* car, then again, je ne parle pas de suspens). C'est ce qui fait qu'on lit des livres to begin with. Cette motivation pour avancer dans l'histoire et connaître la suite du récit, ça agit comme *une alimentation*. Quand tu es dans un chapitre, l'histoire se déroule normalement, donc le courant passe. Mais à la fin d'un chapitre, l'histoire d'un des personnages est interrompue pour laisser la place à l'autre. Le flux de cette partie du récit est suspendu dans le temps. Toi, lecteur·ice, tu es intéressé·e par la suite de ce que tu viens de lire, donc d'une certaine manière, l'alimentation est toujours allumée.... mais le circuit est ouvert (car il est fermé dans l'autre partie de l'histoire, où le courant passe). Autrement dit, tu es dans un circuit électrique avec une alimentation mais un interrupteur ouvert ; aux bornes de l'interrupteur il y a donc une tension, mais pas de courant (car l'histoire qui avance, c'est la partie de l'autre perso). Et ça là, c'est un truc qui me fait vraiment brain chemicals go BRRRRRRRR 👀 Je suis en train de le vivre actuellement. C'est absolument délicieux. Chaque fin de chapitre s'accompagne de la création d'une tension, quand le récit d'un personnage se retrouve interrompu, et aussi d'un courant libérateur, quand le récit de l'autre personnage -où il y avait précédemment une tension- reprend son cours. Le fait de finir un chapitre est un "oh no", et le fait d'en commencer un est un "oh yes". C'est subtil mais fort satisfaisant. Et je suis certain que mon moi du passé baignait aussi dans le bliss d'être stimulé mentalement de cette manière. Cette "tension" joue le rôle de cette légère "friction" que j'aime tant avoir dans mes loisirs (et ça, à l'époque, je ne le savais pas encore très bien), et c'est très certainement une des grandes raisons qui ont fait de 1Q84 un tel déclic pour moi à l'époque.L'autre raison -dont je me souviens- c'était cette impression extrêmement spécifique mais absolument grisante, que j'ai commencé à avoir à répétition à partir de vaguement la fin du 1er tome et jusqu'à la fin du récit (de mémoire, majoritairement le 2e tome, mais on parle de souvenirs d'il y a 10+ ans mdr). Je n'en connais pas vraiment beaucoup d'autres, mais pour moi 1Q84 incarne vraiment exactement ce que j'aime dans le registre fantastique. Cette légère divergence par rapport au réel qui te maintient attentif aux détails qui sont fournis, et aux évènements qui sont décrits, afin d'essayer de comprendre le monde duquel on parle, et en quoi il diffère de la réalité. C'est un effort vain, car dans le fantastique on explique généralement que très vaguement le pourquoi du comment du fait que -par exemple- il y a 2 Lunes, maintenant. Mais. C'est moins les conclusions qui importent que *le process*. Le process d'essayer d'interpréter ce qui est présenté comme des faits, pour tirer des hypothèses sur leurs origines et leurs implications dans l'histoire. Ces hypothèses, ce process là, c'est vraiment -je trouve- l'épice magique du registre fantastique. Par ces déductions tu deviens mentalement aussi actif que les personnages qui vivent le récit. Et *1Q84 excelle* pour induire ces conjectures et -surtout- *jouer avec* les attentes qui en découlent. À l'époque ça m'avait FLABBERGASTÉ (je généralise à partir de mon cas personnel, mais j'imagine que si la trilogie est aussi acclamée c'est sans doute un peu pour ça aussi).
Mais essentiellement, la fameuse impression extrêmement spécifique c'était ceci. C'était cette impression qu'à tout moment du récit, l'auteur sait précisément *ce que je pense comprendre* et *ce que je suis en train de supposer*, si bien qu'il peut placer LA phrase, LE détail ou LE twist qui va m'exploser le cerveau. Mais genre, explosion parfaitement contrôlée. La narration dissémine des éléments et me manipule inconsciemment pour que je les interprète d'une manière bien particulière, afin de pouvoir surcharger d'un coup tous mes neurones avec une révélation ou un détail (parfois ça parait même très innocent hors contexte) qui relie ou brise les hypothèses que j'ai eu jusqu'à ce moment. Mais c'est pas genre "plot twist, en fait c'était le méchant", ou "as it turns out, tout ceci n'était qu'un rêve", ou "et soudain ce personnage qu'on pensait absolument essentiel au récit meurt" ou que sais-je... C'est plutôt que mes circuits de pensée sont agencés de manière à lier des éléments les uns aux autres pour créer une sorte de chemin, avec plusieurs de ces chemins qui coexistent un peu en superposition.... et quand arrive dans le récit LE DÉTAIL, un de ces chemins est parcouru d'une décharge foudroyante et s'embrase. Mais seulement les éléments qui forment cette route en particulier. En un instant, ça devient de la friture. C'est un peu comme les frissons surpuissants que j'ai en matant Umamusume, sauf qu'au lieu de mes muscles et ma peau qui bouillonne, ce sont mes neurones.
Mais, oh, ce que j'aimerai avoir tord. Oh, ce que j'aimerai revivre cette impression extrêmement spécifique de me croire malin à faire des déductions intelligentes, pour me retrouver plus tard face à la réalité que, finalement, je joue exactement le jeu de l'auteur malgré tout. That would be, oh, so nice.